Compléments alimentaires pour soutenir les articulations des séniors : que disent les études scientifiques ?

Avec l’âge, les tissus articulaires perdent en souplesse, le cartilage se fragilise, et la mobilité peut progressivement se réduire. Ce phénomène naturel est en partie lié à une altération progressive de la structure du cartilage, ce tissu conjonctif essentiel qui joue un rôle d’amortisseur au niveau des articulations. À mesure que le temps passe, ces transformations peuvent entraîner inconforts et raideurs articulaires au quotidien et limiter certaines amplitudes de mouvement, notamment chez les séniors. Cela se manifeste principalement au niveau des genoux, des mains ou des hanches.

Ce constat est d’autant plus pertinent dans un contexte de vieillissement démographique, lié aux baby-boomers : l’allongement de la durée de vie, associé à des facteurs tels que la sédentarité ou l’excès de poids, favorise une sollicitation accrue du système ostéo-articulaire. En France, les données de l’Inserm indiquent que 4,6 millions de personnes sont touchées par des gênes articulaires sérieuses¹.

Les solutions classiques souvent évoquées reposent sur une approche de court terme, sans toujours répondre aux enjeux structurels liés à la conservation du capital articulaire. Par ailleurs, les désagréments articulaires ne sont pas exclusivement liés à l’âge. Ils peuvent également apparaître à la suite d’efforts physiques intenses ou répétés (qu’ils soient sportifs, professionnels ou liés à certaines habitudes de vie), provoquant une fatigue mécanique au niveau des tissus conjonctifs.

Dans ce contexte, il devient pertinent d’envisager des approches complémentaires, incluant notamment la nutrition ciblée. Certaines substances naturellement présentes dans l’organisme ou issues du règne animal ou végétal ont fait l’objet d’un intérêt croissant dans la littérature scientifique pour leur rôle dans le métabolisme du cartilage, la synthèse du collagène, la protection contre le stress oxydatif ou encore le maintien des tissus conjonctifs.
Ce dossier propose une revue structurée de certains actifs naturels d’intérêt pour la sphère articulaire, en particulier chez les séniors. Il s’appuie sur les données scientifiques disponibles, tout en respectant strictement la réglementation européenne applicable aux compléments alimentaires. Aucune allégation thérapeutique n’est formulée car aucun produit n’est mis en avant.

Glucosamine et chondroïtine : des briques structurelles du cartilage articulaire présentes dans les compléments alimentaires pour les séniors

La glucosamine et la chondroïtine sont deux composés naturellement présents dans les tissus articulaires, et plus particulièrement dans le cartilage. Elles interviennent dans la synthèse des protéoglycanes, des macromolécules structurantes qui participent à la cohésion et à la résilience du tissu cartilagineux.
Ces substances agissent à la manière de véritables éponges biologiques, capables d’attirer et de retenir l’eau au sein de la matrice extracellulaire. Elles sont régulièrement utilisées dans les compléments alimentaires pour séniors.

La glucosamine : un sucre structurant, naturellement présent dans les tissus conjonctifs

La glucosamine appartient à la famille des glucides. Elle résulte de l’association d’une molécule de glucose et de glutamine. Elle constitue un précurseur essentiel des glycosaminoglycanes (GAG), eux-mêmes composants des protéoglycanes, éléments clés de la matrice extracellulaire des tissus conjonctifs comme le cartilage hyalin, les tendons, les ligaments ou encore la peau.

Les GAG (ex. : chondroïtine sulfate, acide hyaluronique) sont des macromolécules riches en charges négatives qui attirent l’eau et participent activement à certaines propriétés dans les tissus conjonctifs.

Bien qu’elle ne soit pas un nutriment essentiel, la glucosamine est synthétisée naturellement par l’organisme. Toutefois, cette production tend à diminuer avec l’âge, ce qui a suscité un intérêt croissant pour les compléments alimentaires, notamment destinés aux séniors.

Origine et formes disponibles de la glucosamine dans les compléments alimentaires

La glucosamine est naturellement retrouvée chez de nombreux organismes, notamment les arthropodes (exosquelettes de crustacés) sous forme de N-acétylglucosamine, un monomère de la chitine. Elle peut aussi être extraite des coquilles de crustacés, des os de bovins ou synthétisée en laboratoire.

Dans le commerce, la glucosamine est principalement disponible sous deux formes :
• Sulfate de glucosamine : forme la plus étudiée dans la littérature scientifique, notamment pour les séniors.
• Chlorhydrate de glucosamine : forme également utilisée, mais moins documentée que le sulfate.

Bien que l’organisme soit capable de produire de la glucosamine à partir du glucose et de la glutamine, la synthèse tend à diminuer avec l’âge et les apports alimentaires sont très faibles. Cet état de fait contribue à justifier l’intérêt croissant dans les compléments alimentaires pour les séniors.

Que disent les études à propos de cet ingrédient naturel ?

Important : aucune allégation de santé n’est actuellement autorisée par l’EFSA pour la glucosamine. Ces éléments relèvent d’observations issues de la littérature scientifique et ne constituent pas des allégations thérapeutiques.
Des publications scientifiques rapportent que la glucosamine pourrait :
• Stimuler la synthèse des protéoglycanes, composants structurants du cartilage²,
• Réduire l’activité de certaines métalloprotéinases, enzymes impliquées dans la dégradation des protéoglycanes³,
•  Lutter contre les radicaux libres⁴,

Un essai randomisé, contrôlé par placebo⁵, menée sur 3 ans auprès de 202 personnes, ayant une gêne articulaire légère à modérée au niveau du genou, a comparé l’intérêt de 1500 mg/jour de sulfate de glucosamine (par voie orale) à un placebo. Résultats :

• Pas de perte significative de l’espace articulaire chez les personnes supplémentées (vs rétrécissement mesuré dans le groupe placebo).
• Des améliorations cliniques significatives ont été observées, notamment sur les scores de raideurs, gênes et mobilité.
• Bonne tolérance du produit.

Ces données suggèrent un intérêt potentiel sur le long terme pour le confort articulaire.

Un essai clinique randomisé en double aveugle⁶ d’une durée de 2,5 ans chez des femmes en surpoids de 50 à 60 ans (séniors) a montré des éléments intéressants. L’apport de 1500 mg/jour de sulfate de glucosamine (forme cristalline) a été comparé à un placebo, avec ou sans programme diététique + activité physique.
Résultats : 11,8% des sujets témoins ont développé des problématiques articulaires sérieuses. Le risque de développer cette problématique a été réduite par la prise de sulfate de glucosamine, en association ou non au programme diététique et physique.

Cet essai montre surtout que le sulfate de glucosamine pris tous les jours à hauteur de 1500 mg sur 2,5 ans chez des femmes en surpoids, réduit significativement le risque de perte d’espace articulaire. Le programme diététique et physique seul n’a pas montré d’effet significatif.

La chondroïtine : un constituant du cartilage essentiel, associé à la glucosamine dans les compléments alimentaires pour séniors

La chondroïtine est un composant naturellement présent dans les tissus conjonctifs, et plus particulièrement dans le cartilage articulaire. Elle appartient à la famille des glycosaminoglycanes (GAG), de longues chaînes polysaccharidiques riches en groupes sulfatés, qui jouent un rôle essentiel dans la cohésion et l’hydratation du cartilage.

Très abondante dans la matrice extracellulaire du cartilage, la chondroïtine agit comme une éponge biologique : elle permet d’absorber et de retenir l’eau. Elle contribue également au transport d’éléments essentiels au sein du cartilage.

Bien que l’organisme puisse en synthétiser, la qualité de la matrice cartilagineuse tend à décliner avec l’âge, ce qui peut motiver un apport via des compléments

Que pense la science au sujet de la chondroïtine ?

La chondroïtine, utilisée dans les produits sur le marché, est généralement obtenue à partir de cartilage d’origine animale, qu’il soit terrestre (bovin, porcin) ou marin (requin, raie, poisson). La plupart des formulations disponibles utilisent la chondroïtine sulfate (CS), une forme réputée pour présenter une meilleure biodisponibilité selon plusieurs publications scientifiques. Mais quel est l’intérêt de cette substance d’un point de vue scientifique ?

· Une première étude¹⁰ randomisée, en double aveugle, sur une durée d’un an, a montré l’intérêt de la chondroïtine sulfate sur une problématique articulaire majeure du genou. Les patients ont reçu, par voie orale, du CS (dose de 260 mg/jour ou 1560 mg/jour). Chez les patients avec un inconfort important, la dose de 1560 mg/jour de chondroïtine a permis une amélioration de la problématique après 6 et 9 mois de programme. Cet actif naturel a également montré une bonne tolérance.

· Dans un essai randomisé, en double aveugle et contrôlé par placebo¹¹, 300 patients, touchés par une problématique majeure au niveau du genou, ont reçu soit 800 mg de CS, soit un placebo, une fois par jour pendant 2 ans. Dans le groupe chondroïtine, aucune perte significative de l’espace articulaire n’a été constatée contrairement au groupe placebo et l’actif a été bien toléré par la même occasion. L’essai conclut en disant que cette observation reste à confirmer par des études complémentaires.

· Un essai international similaire¹², randomisé, en double aveugle, contrôlé par placebo, dans lequel 622 patients atteints de la même problématique articulaire ont reçu une fois par jour pendant 2 ans, soit 800 mg de CS, soit un placebo. L’essai a montré plusieurs éléments intéressants :
– Une réduction significative de la perte minimale de l’interligne articulaire dans le groupe chondoïtine,
– Le pourcentage de patients avec une progression radiographique a été réduit de manière significative dans le même groupe par rapport au groupe placebo (28 % contre 41 %),
– La gêne articulaire s’est améliorée plus rapidement dans le groupé traité,
– Il n’y a pas eu de différence de sécurité constatée entre les groupes.

Les données issues d’études cliniques renforcent l’intérêt de la chondroïtine dans le cadre d’une approche nutritionnelle ciblée, notamment chez les séniors.

Important : aucune allégation de santé n’est actuellement autorisée par l’EFSA pour la chondroïtine. Ces éléments relèvent d’observations issues de la littérature scientifique et ne constituent pas des allégations thérapeutiques.

Silice et articulations : un actif intéressant pour les compléments alimentaires séniors

Le silicium organique du bambou : une source végétale étudiée pour le confort articulaire

La silice est un oligo-élément naturellement présent dans différents tissus conjonctifs du corps humain, les articulations, les tendons, les os ou encore la peau. À l’état brut, il s’agit d’un élément minéral, mais lorsqu’elle est extraite de végétaux tels que le bambou, la silice est transformée en forme organique. Ce passage à une structure liée au carbone en améliore significativement l’assimilation par l’organisme.

Ce composé intervient dans des fonctions biologiques majeures : il joue un rôle structurant en favorisant la production de collagène, protéine essentielle à l’architecture du cartilage. Il participe également à la fixation du calcium et soutient les mécanismes de minéralisation osseuse. La recherche scientifique s’intéresse de plus en plus à son potentiel préventif contre l’ostéoporose.

L’organisme humain ne synthétise pas la silice par lui-même, et ses capacités à l’accumuler diminuent avec l’âge. C’est pourquoi la silice est souvent intégrée aux compléments alimentaires ciblant les articulations, en particulier chez les séniors.

Modes d’action de la silice au niveau des articulations

Le bambou est très riche en silice organique. Cette dernière est au cœur de plusieurs mécanismes structuraux⁷ pour soutenir la santé des articulations. Trois actions principales sont identifiées dans la littérature scientifique :
• Dans les tendons et cartilages, des liaisons croisées sont formées entre le collagène et les protéoglycanes.
• Elle joue un rôle d’inducteur pour la synthèse du collagène, une molécule centrale de la matrice extracellulaire.
• Via la fixation du calcium, elle participe activement à la minéralisation osseuse.

Ces fonctions expliquent pourquoi la silice organique du bambou est de plus en plus utilisée dans la formulation de compléments alimentaires ciblant les articulations chez les séniors.

Que disent les études cliniques sur la silice ?

Des travaux cliniques ont mis en lumière les propriétés intéressantes de la silice pour soutenir les articulations.
· Une étude randomisée multicentrique⁸, a porté sur 166 participants présentant des gênes articulaires au niveau du genou. Après 12 semaines de supplémentation en acide orthosilicique (ch-OSA), une amélioration notable a été observée chez les hommes sur plusieurs critères :
– Améliorations des scores de gênes & raideurs articulaires ainsi que de la fonction physique (échelle WOMAC).
– Les chercheurs ont également noté une moindre progression des niveaux de biomarqueurs de dégradation du cartilage, comparé au groupe placebo.
· En parallèle, la littérature scientifique souligne l’intérêt de la silice pour prévenir les risques de déminéralisation osseuse, en particulier chez les femmes ménopausées. Certaines revues⁷ indiquent qu’un apport accru en silice biodisponible est corrélé à une meilleure densité minérale osseuse, une structure osseuse plus solide, et un effet positif en association avec la vitamine D et le calcium.

En résumé : la silice est un actif prometteur ciblant les articulations

La silice organique extraite du bambou apparaît aujourd’hui comme un ingrédient naturel de référence dans le domaine des compléments alimentaires pour les articulations. Son implication dans la production de collagène, la minéralisation osseuse ou encore le maintien des tissus conjonctifs est bien documentée.

Toutefois, les résultats varient selon la forme utilisée, les doses administrées et les profils des utilisateurs. Afin de valider pleinement ces effets, il est nécessaire de poursuivre les recherches avec des études cliniques plus larges et des protocoles rigoureux et standardisés.

Vitamine E : un allié antioxydant majeur pour les articulations des séniors

La vitamine E, également connue sous le nom d’α-tocophérol, est une vitamine liposoluble indispensable à l’organisme, mais que ce dernier ne sait pas synthétiser. Elle peut être soit apportée par l’alimentation, principalement via les huiles végétales, les oléagineux et certaines graines ou par le biais de compléments alimentaires adaptés.

Sur le plan réglementaire, il est reconnu que la vitamine E contribue à la protection des cellules contre le stress oxydatif, un phénomène naturel accentué par des facteurs environnementaux comme les rayons UV, la pollution atmosphérique ou encore la fumée de cigarette. Ce stress oxydatif est fortement impliqué dans le vieillissement cellulaire prématuré.

De nombreuses publications scientifiques viennent appuyer son rôle antioxydant, notamment en tant que protecteur des membranes cellulaires.

Une étude clinique randomisée⁹ a été menée sur 72 patients pour évaluer les effets antioxydants de la vitamine E sur le stress oxydatif dans le plasma, le liquide et le tissu synovial des personnes touchées par une problématique articulaire marquée au niveau du genou. Les participants ont reçu soit un placebo, soit 400 UI de vitamine E par jour pendant 2 mois. Les résultats ont mis en évidence une augmentation significative de la capacité antioxydante dans le sang et le liquide synovial. En parallèle, les patients ayant reçu de la vitamine E ont constaté une amélioration du confort articulaire (face aux gênes ou raideurs) et de la mobilité. Ces données suggèrent que la vitamine E est un antioxydant intéressant qui pourrait contribuer à réduire les conditions de stress oxydatif chez les patients atteints d’une problématique articulaire majeure au niveau du genou.

Références scientifiques :
1- Inserm. Réparer le cartilage [Internet]. Paris: Institut national de la santé et de la recherche médicale ; 2016
2- Bassleer C, Rovati L, Franchimont P. Stimulation of proteoglycan production by glucosamine sulfate in chondrocytes isolated from human osteoarthritic articular cartilage in vitro. Osteoarthritis Cartilage 1998;6(6):427-34
3- Dodge GR, Jimenez SA. Glucosamine sulfate modulates the levels of aggrecan and matrix metalloproteinase-3 synthesized by cultured human osteoarthritis articularchondrocytes. Osteoarthritis Cartilage. 2003 Jun;11
4- Gouze JN et al. Exogenous glucosamine globally protects chondrocytes from the arthritogenic effects of IL-1beta. Arthritis Res Ther 2006
5- Pavelká K et al. Glucosamine sulfate use and delay of progression of knee osteoarthritis: a 3-year, randomized, placebo-controlled, double-blind study. Arch Intern Med 2002
6- Runhaar J et al. The role of diet and exercise and of glucosamine sulfate in the prevention of knee osteoarthritis:Further results from the PRevention of knee Osteoarthritis in Overweight Females (PROOF) study. Semin Arthritis Rheum 2016
7- Charles T Price et al. Silicon: A Review of Its Potential Role in the Prevention and Treatment of Postmenopausal Osteoporosis. International Journal of Endocrinology. 2013
8- Piet Geusens et al. A 12-week randomized, double-blind, placebo-controlled multicenter study of Choline-stabilized Orthosilicic acid in patients with symptomatic knee osteoarthritis. BMC Musculoskeletal Disorders, 2017
9- Surapaneni R et al. Effect of vitamin E on oxidative stress level in blood, synovial fluid, and synovial tissue in severe knee osteoarthritis. BMC Musculoskelet Disord. 2017 Jul
10- Morita M. et al. Efficacy of Chondroitin Sulfate for Painful Knee Osteoarthritis: A One-Year, Randomized, Double-Blind, Multicenter Clinical Study in Japan. Biol Pharm Bull, 2018. DOI : 10.1248/bpb.b17-00556
11- Michel B. et al. Chondroitins 4 and 6 sulfate in osteoarthritis of the knee: a randomized, controlled trial. Arthritis & Rheumatism, 2005. DOI : 10.1002/art.20867
12- Kahan A. et al. Long-term effects of chondroitins 4 and 6 sulfate on knee osteoarthritis: the study on osteoarthritis progression prevention, a two-year, randomized, double-blind, placebo-controlled trial. Arthritis & Rheumatism, 2009. DOI : 10.1002/art.24255