Intolérance au lactose et troubles intestinaux
L’intolérance au lactose est une intolérance alimentaire très courante. Il s’agît de l’incapacité de l’organisme à digérer le lactose, un sucre majoritairement présent dans les produits laitiers et ses dérivés et plus largement dans l’industrie alimentaire. Les personnes souffrant de cette condition doivent souvent adapter leur régime alimentaire pour éviter les symptômes désagréables qui peuvent survenir après la consommation de produits contenant du lactose.
Environ 3 humains sur 4 à travers le monde sont touchés par cette intolérance qu’il ne faut surtout pas confondre avec une allergie aux protéines de lait comme la caséine. Alors que l’allergie au lait implique une réponse immunitaire pouvant être grave, l’intolérance au lactose est principalement un problème digestif qui, bien que gênant, n’est pas dangereux pour la vie.
L’intolérance au lactose : un trouble digestif bien connu
Qu’est-ce que le lactose ?
Le lactose est un sucre complexe, composé d’α/β-D-glucose et β-D-galactose, liées ensemble pour former ce qu’on appelle un disaccharide. Ce dernier est naturellement présent dans le lait des mammifères (lait maternel, de vache, de brebis ou de chèvre…) et ses dérivés comme le fromage, les yaourts…mais avec des teneurs différentes selon les aliments :
La lactase, l’enzyme clé pour la digestion du lactose
En temps normal, lorsqu’une personne consomme un produit contenant du lactose, ce dernier est digéré grâce à une enzyme, nommée lactase-phlorizine hydrolase (ou β-galactosidase), qui vient hydrolyser le lactose en deux sucres simples (monosaccharides), absorbables par le tractus intestinal [1] : le glucose et le galactose. Cette enzyme est produite au niveau de la muqueuse de l’intestin grêle, « dans la partie apicale des microvillosités au sein de la membrane des entérocytes » [1]. Cet enzyme est donc la clé pour bien digérer ce sucre. Lorsque cette dernière n’est pas ou peu produite par l’organisme, on parle de déficit en lactase qui peut être partielle ou totale.
Une production de lactase qui diminue avec l’âge
L’activité de la lactase évolue avec le temps chez l’être humain. Son activité diminue naturellement et progressivement avec l’âge. En effet, elle est très élevée de la naissance jusqu’à la fin de l’allaitement (car le lait est la base de l’alimentation chez les mammifères). A partir de la période de sevrage, l’enfant en bas âge commence à changer son alimentation. L’organisme ayant moins besoin de digérer le lactose, il se met à moins produire de lactase. Il est donc normal que chez les adultes, dont le bol alimentaire est plus diversifié, l’activité de la lactase diminue rapidement. Cette réduction de l’activité enzymatique explique pourquoi beaucoup d’adultes développent des symptômes d’intolérance au lactose au fil du temps, même s’ils toléraient bien les produits laitiers pendant l’enfance.
Les troubles gastro-intestinaux provoqués par l’intolérance au lactose
Tous les individus ne sont pas égaux face au lactose. Certains adultes conservent une bonne activité enzymatique pour digérer ce sucre mais ce n’est pas le cas pour la majorité de la population. S’il n’y a pas suffisamment de lactase produite pour digérer la quantité de lactose ingérée, ce dernier va se concentrer dans l’intestin grêle puis dans le côlon où il va fermenter par l’intermédiaire de bactéries. C’est ce qu’on appelle la fermentation colique du lactose non absorbé. Ce mécanisme va provoquer des symptômes gastro-intestinaux comme :
- Des nausées ou vomissements,
- Des ballonnements et des gaz,
- Des diarrhées, produits par un choc osmotique [1],
- Des crampes et douleurs abdominales,
- Des borborygmes.
Les symptômes d’intolérance au lactose sont très variables selon les individus mais restent souvent modérés. Ils apparaissent rapidement après la consommation de produits laitiers. La littérature scientifique parle de 30 minutes à 2h en général pour l’apparition des premiers symptômes.
La quantité de lactose est aussi un facteur important à prendre en compte. Les adultes possèdent un seuil de tolérance assez élevé pour digérer ce sucre si les quantités prises sont raisonnables (1/4 L de lait par exemple) et espacées dans le temps. Cependant, même une petite quantité de lactose peut suffire à provoquer des symptômes chez les personnes très sensibles, ce qui rend la gestion de cette intolérance délicate au quotidien.
Les différentes causes de l’intolérance au lactose
Des disparités au niveau mondial
La diminution de la lactase en fonction de l’âge (déficit primaire) touche environ 65 à 75% de la population mondiale. Certains groupes d’individus sur la planète conservent pourtant des niveaux élevés de lactase même à l’âge adulte. C’est le cas notamment des descendants des peuples ayant pratiqué la domestication du bétail comme les Européens. Ce niveau est déjà moins élevé dans le sud de l’Europe et au Moyen-Orient et devient très faible en Asie notamment [1] où seulement 10% des personnes produisent cette enzyme selon un article de l’INSERM [2]. Ceci explique pourquoi les peuples asiatiques digèrent très mal les produits laitiers et sont plus sujets à l’intolérance au lactose que les autres.
Les autres causes de déficit en lactase
D’autres types de déficits en lactases peuvent apparaître. Une revue scientifique [3] parle de déficit secondaire, provoqué par :
- Certaines pathologies comme la maladie cœliaque, de Crohn ou des infections,
- Des actes chirurgicaux, altérant l’intestin et donc les activités enzymatiques de ce dernier,
Il existe un dernier type de déficit, très rare, qui est congénital avec une absence totale d’activité pour cette enzyme. Cette forme congénitale d’intolérance au lactose se manifeste dès la naissance et nécessite une gestion stricte de l’alimentation dès les premiers jours de vie.
Diagnostic et solutions pour lutter contre l’intolérance au lactose
Diagnostiquer l’intolérance au lactose
Le diagnostic de l’intolérance au lactose passe par le corps médical via une série de tests.
- En premier lieu, le médecin va rechercher les symptômes liés à la consommation de produits contenant du lactose. Un régime strict est ensuite proposé pour voir si les symptômes disparaissent ou non. Si c’est le cas et que les symptômes réapparaissent lors d’une nouvelle ingestion de lactose, le diagnostic d’intolérance est évoqué.
- Des biopsies de la muqueuse gastro-intestinale peuvent être réalisées ainsi que le test d’haleine à l’hydrogène (ou test d’haleine au lactose). Lorsque le lactose qui n’est pas digéré ni absorbé arrive dans l’intestin, il y a une production d’hydrogène par le microbiote intestinal [3]. La mesure se fait par la quantité d’hydrogène expiré dans l’air suite à la consommation de lactose. Si la quantité augmente, l’intolérance est confirmée. Des examens sanguins peuvent aussi être effectués en complément.
Ces tests permettent de poser un diagnostic précis et d’adapter le traitement en conséquence, en évitant ainsi les désagréments liés à une mauvaise absorption du lactose.
De manière plus large, vous pouvez aussi réaliser un test d’intolérances alimentaires (lien ici) pour voir si vous êtes sensible à d’autres aliments.